Antoine Tava : Passionné par l’art et l’Italie!
J’ai rencontré l’artiste Antoine Tava, de son vrai nom Antoine Tavaglione, dans un de ses cafés préférés de la Petite-Italie à Montréal, le Caffè San Gennaro, dans son quartier. Voici un résumé de notre conversation autour de l’art, de la passion et de l’Italie.
2019: Année charnière pour Antoine Tava
Alors, l’année 2019 a commencée un peu en force pour toi, c’est une grosse année qui s’annonce
Oui, ça commence fort, 2018 a été une année intéressante et j’ai continué à faire de belles collaborations avec des marques que j’aime bien, auxquelles je crois, et qui me ressemblent également. J’ai découvert la Chine en 2018 également.
Ça semble être tout un marché pour ton art si j’en crois à ton Instagram
Oui, ç’a été ma première exposition avec un groupe qui est dans la mode et dans les arts là-bas. Ils sont présents dans plusieurs villes en Chine, dont Hong Kong, pour ne nommer que celle-ci. Ils m’ont fait venir là-bas comme « artiste invité canadien » pour participer à une exposition avec plusieurs artistes de différentes nationalités. Une exposition dans le milieu des beaux-arts dans laquelle j’ai produit plusieurs originaux pour eux soit des peintures et des sérigraphies pour l’événement. Ce fut une superbe expérience d’autant plus que j’ai passé à la télévision chinoise sur des chaînes importantes et ça a fait fureur. Et ils ont voulu investir en moi, puisque le produit correspondait très bien à leur marché.
Comme ton produit est un peu ludique/« cartoonesque », c’est quelque chose qui est très populaire là-bas avec l’attirance pour le manga et tout.
Les gens apprécient beaucoup, peu importe l’âge. Les Chinois ont vraiment un sens nostalgique. Et j’ai aussi commencé l’année 2019 en Chine. Je suis parti le 3 janvier pour une seconde exposition et ils m’ont dit qu’ils voulaient continuer à travailler avec moi et qu’ils avaient plusieurs expositions en vue pour moi, soit 2 expositions une après l’autre. Donc l’année est déjà très bien remplie. Ce sont des expositions importantes, et en plus la compagnie derrière toutes ces expositions ont les droits d’utilisation pour Popeye, donc on va faire des expositions ayant pour thème Popeye. Une autre chose intéressante, c’est que je produis une figurine de mon Ludo Fox, qui était sur les canettes de romeo’s gin 1re édition, pour la Chine. J’ai toujours voulu faire des figurines, surtout parce que j’ai grandi dans le domaine de l’animation 2D et 3D, et c’était un rêve d’en faire, et c’est maintenant devenu réalité. Elle est présentement en production à Shanghai, et malheureusement c’est seulement pour le marché chinois, et une édition limitée à 200 exemplaires pour commencer. Ces figurines sont signées et numérotées, ça va être facile pour eux de tout vendre. Je vais en avoir quelques exemplaires pour le marché canadien, mais elles vont demeurer dans ma collection.
J’imagine que Nicolas (Duvernois) va t’en demander une 😉
Tout le monde m’en demande!
C’est vraiment un beau projet!
Oui, c’est cool, le renard, je l’ai retouché un petit peu. C’est toujours lui, mais j’ai ajouté des gouttes, et les bras sont interchangeables, tu peux les enlever et les croiser. Il ressemble encore beaucoup au classique. Il aura un costard noir ainsi que des gants de boxe. Il sera de couleur pastel orange.
Ça doit être spécial de voir son art se transformer comme ça en quelque chose de tangible.
Oui, de le voir en 3d, c’est super le fun et surtout le marché chinois.
Il y a une culture du cartoon en Asie beaucoup plus forte qu’ici non?
Oui, ils en raffolent! Quand tu vas dans les différents bureaux, tous les employés ont des décorations avec des figurines. Des trucs de collections de pleins d’artistes ou autres. Ils apprécient beaucoup tout ce qui est cartoon, bd. Ils en mangent.
Tu as également fait une collaboration à Montréal avec Adidas plus récemment.
Oui, c’était pour le lancement de la nouvelle chaussure ultraboost 19 et ils m’ont demandé de faire le vinyle pour le lancement de la campagne publicitaire dans le cadre d’une collaboration avec foot locker. C’est intéressant, car ça fait plusieurs contrats que je fais avec eux et ils me laissent une liberté de créa donc s’ils m’appellent, c’est vraiment pour mettre mon art en avant et ils me laissent carte blanche, et ils ont vraiment aimé ce plus récent projet.
La reconnaissance montréalaise pour Antoine Tava
Ça doit être gratifiant d’être reconnu ici, dans ta propre ville justement.
Oui, je suis toujours humble pour ça. Les gens qui passent devant et m’envoient des photos, c’est toujours plaisant. Je ne me tanne pas, mais en même temps, ça me gêne un peu.
Mais en même temps, ça doit être gratifiant de savoir que les gens reconnaissent ton art non?
À Montréal, les gens qui sont dans le domaine créatif et artistique reconnaissent pas mal ce que je fais et j’ai pris ma place en peu de temps. J’ai réellement débuté en 2010 à faire de l’art et les 2-3 premières années étaient vraiment difficiles. Il y avait beaucoup de défis du côté financier et les gens me demandaient si j’étais certain de vouloir continuer dans cette voie. J’ai juste baissé la tête, j’ai foncé et tout donné. Et ça a fonctionné. Je ne regrette rien. Je vis ma meilleure vie.
Parlant de Montréal, la SDC (Société de développement commercial) de la Petite-Italie t’a engagé avec l’agence Lndmark pour embellir les locaux vides , pourrais-tu nous en parler un peu?
La vie de quartier, j’aime vraiment ça. Mon environnement est vraiment important. Mes amis, ma famille. Je suis quelqu’un de routinier et je suis vraiment impliqué dans mon quartier. Si je peux donner mon opinion par quelle façon on pourrait changer le quartier, non pas uniquement par le design, je vais le faire. Je suis vraiment honoré de faire ça. Même en automne, j’ai fait un piano pour la SDC Petite Italie.
On parlait plus tôt de l’animation 2D/3D, c’est quoi ton parcours? Qu’est-ce qui t’a amené à faire de l’art?
J’ai étudié à Concordia en animation 2 d et j’ai travaillé ensuite plusieurs années dans le domaine pour ensuite faire mes propres choses. Mais ça a toujours été en moi, j’avais 3 ans et je dessinais des Bugs Bunny. C’est vraiment quelque chose d’inné pour moi, et que j’ai toujours aimé. Je ne fais pas des cartoons parce que c’est cool, mais bien parce que j’ai toujours aimé ça. C’était un processus naturel. J’ai toujours admiré les artistes, par contre, je ne comprenais pas le processus de comment faire de l’argent, j’étais une personne très cartésienne dans son processus de travail. Au début, je ne me voyais pas comme un artiste et j’ai décidé de faire des toiles pour le fun. C’était très graphique. Pas trop dans le style que je fais maintenant, mais un début. J’ai présenté mon projet à une galerie qui l’a refusé. J’ai vu que j’avais visé trop haut. Donc, je suis parti en Italie afin de me ressourcer et j’ai fait une première collection sur le thème sérieux de la politique, mais en cartoon. J’ai fait ma première exposition, j’ai loué un local, j’ai fait les flyers, acheté le vin, invité mes amis, famille, etc., et ça a connu un certain succès, et j’aimais beaucoup le côté du détail de la vente, et fais parler de moi puisque ce n’était pas très cher à l’époque et je voulais que mon art rentre dans la maison des gens. Et ainsi de suite, j’en ai fait une seconde 6 mois après. Et ensuite, j’ai commencé à faire des événements, des peintures en direct et tout.
L’aventure romeo’s gin
C’est quand même intéressant que tu parles de commerce de détail et que maintenant, tu te retrouves en SAQ avec les canettes de romeo’s gin+ tonic. Comment trouves-tu ça que ton art soit sur un produit de consommation?
Même moi, ça m’impressionne et je vois des milliers de canettes avec mes œuvres. J’ai été un peu déçu que l’on ne fasse pas évoluer Ludo, mais je suis quand même heureux de voir une nouvelle œuvre sur les canettes et qu’ils ont cru en moi. C’est un risque, mais c’est cohérent et ça démontre l’amour.
J’ai fait l’oeuvre «Bursting of Love» lorsque je vivais à Barcelone avec ma copine. L’oeuvre a été inspirée par l’amour, le voyage et l’environnement.
Ils ont gardé mes couleurs et c’est une équipe qui croit beaucoup à l’art, c’est vraiment le fun de travailler avec eux. Et c’est vraiment intéressant que l’art soit accessible à tous.
C’est important pour toi que justement, ton art soit accessible à tous?
Oui, c’est sûr que j’aime faire de l’argent avec mes projets, ça me permet de voyager, de m’acheter de belles choses, mais j’aime encore plus une personne qui est heureuse d’avoir quelque chose que je fais et qu’elle en soit fière. Si une personne fait des économies afin d’acheter mes œuvres, c’est certain que moi je vais lui donner des choses en retour, lui donner un cadeau, un extra, juste pour la remercier. C’est un peu comme les cafés italiens, bien souvent, si tu vas tous les jours dans le même café, ils vont te remercier en te donnant des petits trucs, etc. c’est comme ça que je vois mon art, remercier mes clients. Et je suis une personne qui aime énormément donner aux fondations, dans la limite du possible évidemment.
Et c’est bien de vivre cette expérience avec toi d’être dans un café italien soit le San Gennaro.
En fait, je fais deux cafés dans la Petite-Italie, le San Gennaro et le San Simeon. Parce qu’il y a le sens de la communauté, il n’y a pas, ou presque pas, de gens sur leurs laptops, les gens se parlent, discutent, etc. J’adore le côté social et européen. Je dois parler de l’Italie tous les jours, je suis fier de ma culture, de mon héritage.
Est-ce que tu le laisses transparaître dans ton art, cet héritage italien?
Au début oui, maintenant un petit peu, c’est un peu dommage. Mais quand je travaille avec la SDC ou d’autres organismes italiens, j’y vais à fond. Et c’est le fun de voir que je peux l’intégrer dans l’art.
Et ton comics préféré, c’est lequel?
Garfield, vraiment ç’a été ma plus grande inspiration.
On pourrait dire que c’est un peu ton inspiration pour Ludo Fox avec son orange.
Oui, un peu, c’est un peu une boucle.
Terminons avec notre questionnaire
Ta ville préférée dans le monde ?
Rome, ça me donne une certaine énergie. Je peux m’asseoir dans un café durant 3 heures.
Ton restaurant préféré ?
Chez Enzo à Rome pour un macaroni à la carbonara.
Et si on va sur la scène des cocktails, quel est ton bar préféré ?
Je ne pourrais pas dire que j’ai un bar préféré, je suis vraiment plus dans les restaurants.
Et jusqu’à notre prochaine question, ta voiture préférée ?
Je me verrais bien dans une petite Porsche vintage. Si c’était une Ferrari, une vieille testarossa blanche.
Quelle est votre compagnie aérienne préférée ?
J’aimais beaucoup Canadian Airlines, car ma mère était hôtesse de l’air pour eux, et c’était vraiment la top compagnie. Le service était impeccable, les gens gentils.
Ton lieu préféré pour voyager ?
L’Italie, c’est ma destination numéro 1. J’ai adoré Barcelone où j’ai vécu durant un hiver.
Ton endroit préféré pour magasiner ?
New York. Pour les magasins de chaussures.
Ton lieu préféré pour déconnecter ?
Dans un café, je vois mes amis, c’est très social, on parle de tout et de rien.
Quelque chose sans quoi vous tu ne pourrais vivre ?
L’amour.
En un mot, décris-moi :
Raffiné -> Sophia Loren, l’élégance.
Distingué -> Un vieil homme sage. Qui s’habille bien.
Passionné -> L’Art et les projets.
Merci Antoine, et à bientôt!
Visitez le site web d’Antoine Tava ici.
Retrouvez les oeuvres d’Antoine à la Galerie Le Royer