Elliot Maginot et Movember : Pour la santé mentale des gentlemen
Chers gentlemen, il est possible que certains d’entre vous aient décidé de relever le défi de participer au mouvement « Movember », consistant à se laisser pousser la moustache tout en collectant des fonds pour une organisation caritative spécialisée dans l’amélioration de la santé masculine. En effet, cette dernière, fondée en 2003, est rapidement devenue la plus grande œuvre de bienfaisance mondiale consacrée à la lutte contre le cancer de la prostate, le cancer des testicules, la santé mentale et la prévention du suicide. Ce phénomène est devenu courant chez les hommes lorsque novembre arrive. Pour 2024, le chanteur Elliot Maginot et Movember s’associent pour faire parler encore plus de la cause.
Elliot Maginot et Movember : Parler de santé masculine à une nouvelle génération
C’est avec une moustache fraîchement repoussée que j’ai rencontré Elliot Maginot (de son vrai nom Gabriel Hélie-Harvey), le nouvel ambassadeur de Movember pour 2024.
Normand Boulanger : Pour quelle raison as-tu voulu t’impliquer avec Movember ?
Elliot Maginot : Pour ma part, bien que l’organisme récolte des fonds pour le cancer de la prostate et celui des testicules, c’est également pour les troubles de santé mentale et la prévention du suicide que j’ai voulu m’impliquer. Ces problèmes me touchent beaucoup, ainsi que mon entourage, le milieu dans lequel je travaille, etc.
N.B. Avec le décès de Karl Tremblay (le chanteur des Cowboys Fringants) à 47 ans du cancer de la prostate, j’imagine que Movember vient toucher encore plus les gens de ton milieu et c’est un peu le pourquoi de l’association entre Elliot Maginot et Movember ?
E.M. Oui, c’est un bon point. La mort de Karl Tremblay est vraiment un rappel que ce cancer peut avoir de graves conséquences et encore tuer plusieurs hommes. La manière de sauver plus d’individus de sexe masculin est d’investir massivement dans la prévention et la recherche ainsi que de faire circuler l’information.
N.B. C’est vraiment une belle surprise de te voir impliqué dans cette cause, Elliot Maginot et Movember c’est naturel. J’ai souvenir d’un de tes concerts il y a quelques années au Festival International de Jazz de Montréal où tu avais su attirer une nombreuse foule, malgré la petite scène et l’heure tardive du spectacle. Par rapport justement à ta communauté fidèle, comment fais-tu passer le message ?
E.M. Il n’y a pas 36 000 façons de faire et, comme je ne suis pas un expert en santé masculine et je n’ai pas de formation médicale, la chose que je peux faire comme individu et artiste, comme membre d’une famille, comme ami, c’est de faire circuler l’information et de toujours être à l’affût de ce qui se passe au niveau des cancers masculins et de santé mentale. Il faut aussi que tous puissent apprendre à développer des techniques et des outils pour gérer leurs propres problèmes ou apprendre à détecter des signes avant-coureurs chez leur entourage. Il y a tellement de choses qu’on peut faire chaque jour à petite échelle, en ayant toujours le regard tourné vers les autres. Et la société, quant à elle, doit continuer d’investir dans les infrastructures, investir pour régler les problèmes sociaux, puisque ces derniers vont devenir des facteurs qui vont causer de graves crises de santé mentale.
N.B. Et que penses-tu de la situation actuelle au Québec ?
E.M. C’est toujours délicat, car tu ne veux pas tomber dans la comparaison, mais, peu importe la société et l’endroit où l’on demeure, le but est toujours d’arriver dans une situation où le suicide et l’itinérance seront éliminés. Bien que nous disons qu’au Québec l’accès aux soins de santé, incluant la maladie mentale, est facile, ce n’est absolument pas le cas, nous n’avons qu’à regarder ce qui se passe dans nos rues à Montréal et en région pour le constater. On dirait que l’on commence malheureusement à s’habituer à cette nouvelle normalité. J’ai l’impression que, si c’était arrivé il y a 10 ans, nous aurions fortement réagi et nous nous serions collectivement dit : « Il faut que l’on se mobilise, et rapidement ». Il faut que les gouvernements écoutent ce qui se passe et ce que les citoyens en disent.
N.B. Est-ce que, malgré ces situations plus sombres, il y a du positif dans tout ça ?
E.M. Oui, on remarque que les hommes se préoccupent beaucoup plus de leur santé mentale qu’avant. Que ce soit sur les réseaux sociaux, dans mon entourage, dans le milieu de la musique, on le remarque de plus en plus. D’ailleurs, dans mon industrie, les gens sont de plus en plus sérieux, font attention à eux, sortent moins, bref, ils prennent soin de leur santé physique et mentale. Il y a vraiment un changement de paradigme parmi les artistes.
Des conseils pour la nouvelle génération de gentlemen
N.B. As-tu des conseils pour ton public ? Pour la nouvelle génération d’hommes que Elliot Maginot et Movember peuvent toucher ?
E.M. C’est drôle, car toutes les femmes dans mon entourage qui ont eu besoin de thérapie sont allées chercher de l’aide sans hésitation, alors que nous les hommes (je m’inclus là-dedans), on ne l’a pas fait. Il ne faut pas hésiter à se parler, autres que par la colère ou les blagues, en nommant les choses réellement aussi insignifiantes qu’elles puissent paraître. N’ayez pas peur de déranger, car ces petites gouttes finissent par former un torrent qui devient impossible à surmonter par la suite et qui peut être fatal. Il n’y a aucun problème trop mineur ou trop gros pour être abordé.
De plus, on sous-estime souvent l’intérêt de nos amis/gens à entendre ce que l’on a à dire. Il n’y a rien de plus plaisant quand un ami me dit comment il se sent. Je vois ça comme une grande marque de confiance et d’intimité. Il ne faut pas avoir peur de s’ouvrir aux autres. Après ça, on pourra faire des blagues. Nommer les choses et dire « je t’aime » n’a jamais fait de tort à personne. Parfois, on le dit sous l’influence de la boisson, mais dites-le à jeun, en vrai ou par texto, ça fait du bien.
Elliot Maginot et Movember : En parler
N.B Aussi, une chose que je peux voir chez une plus vieille génération est de dire que l’on a mal quelque part lors d’une visite chez le médecin, ça peut parfois sembler anodin, mais ce n’est aucunement le cas (oui je sais que les rendez-vous chez le médecin sont souvent uniquement pour un seul mal, mais profitez-en lors de votre visite).
E.M. C’est vrai. Je suis dans un milieu où nous sommes presque tous des travailleurs autonomes, et parfois on hésite à consulter des professionnels de la santé. Je n’ai moi-même pas consulté de dentiste au début de ma vie d’adulte et maintenant j’en paie chèrement les conséquences. Malheureusement, on ne peut pas que pelleter les problèmes vers l’avant indéfiniment. Si l’on débute avec une bonne alimentation, faire de l’exercice, boire de l’eau, ça devrait bien aller.
Merci pour tout Elliot
Elliot Maginot et Movember : Pour en savoir plus
Après avoir lu cette entrevue, si vous avez envie d’être de la partie avec Elliot Maginot et Movember, c’est sur ce lien. Si vous êtes déjà un donateur et que vous cherchez des trucs pour une belle moustache, nous avons quelques conseils moustachus dans cet article.
Pour en savoir plus sur les prochaines dates de spectacles d’Elliot Maginot, c’est par ici.