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Glenmorangie Pride 1974 : L’Exclusif

Glenmorangie-Pride-1974---Couverture

Découvrez notre rencontre avec Brendan McCarron, responsable de la maturation des stocks de whisky Glenmorangie afin de discuter du nouveau Glenmorangie Pride 1974, la troisième extraordinaire édition limitée de la « collection Pride ».

Glenmorangie Pride 1974 :  Rare et exclusif

Ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de déguster des whiskys de plus de 40 ans, encore moins quand ceux-ci valent plus de 15 000$. C’est pourtant ce que j’ai vécu lors de ma dégustation du Glenmorangie Pride 1974 lors de ma rencontre avec Brendan McCarron, responsable de la maturation des stocks de whisky Glenmorangie.

Le tout s’est déroulé au bar Le Bootlegger sur le boulevard Saint-Laurent, dans une magnifique ambiance feutrée rappelant les bars des années 30 avec son foyer, ses meubles en cuir, bref le décor parfait pour déguster un aussi noble whisky. Je me dois tout de suite mentionner que c’est une production de seulement 503 bouteilles, la production la plus ancienne et la plus rare, qu’est cette édition de Glenmorangie, il n’y a pas beaucoup de gens sur la planète qui ont eu / auront la chance de déguster ce véritable élixir.

Normand Boulanger : Pour débuter, quelle a été votre première expérience avec le scotch whisky?

Brendan-McCarron---Glenmorangie

Brandan McCarron
Photo: Glenmorangie

Bredan McCarron : Ma première première fois n’en était pas une très bonne en fait. Je devais avoir 8-9 ans et mon père m’a donné un peu du scotch qu’il buvait comme ça pour le plaisir, je me souviens plus de la marque, mais c’était probablement du Talisker, mon père étant un grand fan de Talisker. Je trempe mes lèvres dans le verre, et j’en prends une gorgée, je la mets dans ma bouche et ça brûlait. Alors je recrache le whisky dans le verre. Mon père était fâché, il ne faut pas recracher le whisky qu’il me dit. Après cette horrible expérience, je n’ai pas retouché de whisky durant 14 ou 15 ans. Mais j’ai ensuite recommencé petit à petit avec des Single Malt, je devais avoir 22-23 ans, et c’est un ami un grand amateur de Scotch, il avait toujours des Single Malt dans sa maison. Et à partir de là, j’ai commencé à aimer ça et j’ai continué dans l’industrie et voilà.

NB: J’imagine que vous êtes reconnaissant d’avoir rencontré cet ami?

BM: Oui en effet, il a de la difficulté à croire où je suis rendu et le travail que je fais puisque c’est lui qui aimait plus le scotch entre nous deux et qu’il m’a introduit au produit, c’est une belle histoire.

Glenmorangie Pride 1974 : L’Élaboration

Glenmorangie-Pride-1974---Bouteilles

Photo: Glenmorangie

NB: Passons à ces trois produits que nous avons devant nous, dont le Pride 1974, quel est le processus d’élaboration?

BM:Donc, ce sont trois de nos plus prestigieux whiskys. Par contre, dû à leurs arômes et à leur délicatesse, nous allons les déguster dans un ordre un peu inhabituel. Le premier est le Grand Vintage 1990, c’est un Single Malt Glenmorangie de 25 ans. C’est un tout petit lot, tout de 1990. C’est une année spéciale pour nous, alors que la récolte d’orge a été particulièrement difficile. Et c’est cette même année où nous avons emménagé dans la Bond House.

Ce sont d’énormes souvenirs qui reviennent lorsque nous dégustons ce produit. Des arômes subtils et légers. On peut retrouver toutes les saveurs de la distillerie, même s’il a été 25 ans en baril, ce qui est très inhabituel pour un vieux scotch.

NB: En effet, c’est un produit assez spécial, vraiment différent avec de superbes arômes. Vous pouvez nous parler du Glenmorangie Pride 1974?

BM: Oui effectivement. Voici le Glenmorangie Pride 1974, la quintessence de nos whiskys. Il a été distillé en 1974 et mis en bouteille seulement l’an dernier. Donc c’est un scotch de 41 ans. C’est le whisky le plus prestigieux produit par Glenmorangie depuis les débuts de la distillerie. 503 bouteilles seulement, c’est tout. Pas une de plus, pas une de moins. Heureusement pour toi, c’est assez rare que nous fassions déguster un produit aussi exclusif. Comme c’est un produit de 41 ans, on perd environ 2% du contenu chaque année (ndlr. Appelé la part des anges), après 41 ans, c’est une énorme perte de whisky, et c’est la raison pour laquelle il y a uniquement 503 bouteilles. Mais nous en avons ouvert une, celle que nous allons déguster ici. Nous allons la déguster en second, car le Grand Vintage est plus frais, léger et celle-ci est plus prononcée, riche, a plus d’intensité et un goût de bois, et le dernier que nous allons déguster est le Glenmorangie Signet.

NB: Pourriezs-vous me parler du Signet un peu, quel genre de whisky est-ce?

BM: Le Glenmorangie Signet fait partie de notre collection Prestige, duquel nous faisons seulement 1 ou 2 lots par année. Nous n’en faisons pas beaucoup, mais il est toujours offert année après année. Nous utilisons un Malt chocolaté irlandais, que nous grillons et nous brûlons afin de le noircir et nous mélangeons le tout avec un Malt traditionnel et de l’orge afin de retrouver ce goût distinctif des spiritueux Glenmorangie et il est vieilli dans différent barils, soit de Sherry, Bourbon et plusieurs autres sortes de barils pour en retirer un goût distinctif. On retrouve un goût de café, de crème.

NB: C’est très amusant que tu me parles de chocolat, puisqu’il y a quelques semaines, j’étais à Omnivore, un festival pour les épicuriens et il y avait un restaurant, le Candide, qui font leur bière avec du Malt chocolaté.

Oui, c’est un Malt qui est utilisé assez fréquemment dans la bière, mais c’est le premier whisky à l’utiliser en fait. On adore innover.

La dégustation : Un ordre inversé

NB: Nous passons maintenant à la dégustation. Donc tu me disais un ordre inhabituel pour les trois produits, c’est bien ça?

BM: Exact. Débutons par le Grand Vintage 1990, qui est vieilli dans d’anciens fûts de Bourbon. On remarque que même si ce n’est pas un assemblage, c’est tout de même très léger. Et tout ça provient de 1990. Très floral, très fruité et complexe à la fois. La plupart des whiskys de plus de 20 ans ont un goût prononcé de bois, mais pas celui-ci. Prends une gorgée et tu y retrouveras des fruits tropicaux, du miel, de la fleur d’oranger.

NB: Alors nous voyons une orange ici justement, est-ce la seule raison?

BM: Non, en effet, c’est dans le nom, et ça aide à se souvenir de la prononciation d’y inclure le mot orange. Le nom Glenmorangie veut dire le ruisseau (Glen) de la tranquillité. Donc, passons au Glenmorangie Pride maintenant.

Nous dégustons le Pride en second, car le Signet a une saveur si distinctive, que l’on ne pourrait pas apprécier le Pride à sa juste valeur.

NB: Il est tellement différent, plus foncé, plus riche, mais en même temps léger.

BM: C’est une impression, car il est à 52% d’alcool, par contre avec sa riche saveur nous ressentons une saveur plus sucrée, mais également salée. On retrouve également un petit goût épicé. C’est vraiment rare d’avoir un whisky de 41 ans, c’est vraiment impressionnant, surtout que le bois ne l’a pas emporté sur le goût et il y a tellement de différentes saveurs.

NB: 41 ans, c’est impressionnant pour moi qui vais avoir 40 ans dans moins d’un mois.

BM: Pour un whisky à près de 15 000$ que seulement 500 personnes auront, ce n’est pas un whisky fort, un whisky très chaud en bouche. Même s’il est fort en alcool, il plus riche. On observe également de jolies notes de gingembre. Il est important de ne pas le garder trop longtemps en bouche, car souvent les whiskys viennent brûler l’intérieur du palais, il est important d’avaler rapidement pour bien apprécier le produit. On retrouve également des notes de noix. Alors, qu’en penses-tu?

NB: C’est fou. C’est vraiment, comment dire : sucré sur le palais, un peu caramélisé, un peu de cassonade. Tellement différent du Grand Vintage. On retrouve cette sensation de brûlure à la fin, mais rien de désagréable, juste parfait. Il est plus intense au nez, mais en bouche, il est délicat, je dirais. 

BM: Il a une longue finale, d’ailleurs Glenmorangie est reconnu pour ça. C’est vraiment les barils de Sherry qui font que l’on retrouve cette douce finale persistante.

NB: Et combien de temps, est-ce que le goût peut demeurer en bouche?

BM: Ouf, vraiment longtemps en fait.

NB: C’est remarquable, alors que j’étais dans une dégustation de Louis XIII, et même lorsque je suis retourné chez moi, je le goûtais encore. C’est quand même incroyable. 

BM: Oui, c’est un peu pareil pour nos whiskys. On ressent leur goût alors que l’on avale et l’on avale encore. Même dans notre respiration, on le ressent

Comment bien déguster un whisky

NB: Quelle est la meilleure façon de faire une dégustation pour un whisky?

BM: Pour le whisky, il faut avoir de bons verres à whisky, c’est la première chose. Premièrement, on jette un oeil à la couleur. Faisons-le pour le Signet. Sa couleur nous en dit beaucoup, c’est très foncé, plus profond que le premier whisky, on peut voir qu’il sera plus intense, que les saveurs seront plus intenses et plus longues. Ensuite, tu mets ton nez le plus profondément dans le verre et tu prends une bonne respiration. Tu fais pénétrer l’arôme jusque dans ta bouche par le nez. On y retrouve le chocolat, l’orange comme je disais plus tôt. Ensuite, on prend une gorgée. Il faut le garder moins d’une seconde en bouche, ensuite on avale, et on essaye de se concentrer sur ce que l’on vient de se mettre en bouche. On retrouve l’espresso, le café mocha. Un mélange de café et de chocolat noir. Mais c’est comme une superbe couche dans la bouche, une couche d’un délicieux liquide. Pour certains whiskys, on recommande d’ajouter de l’eau pour ouvrir les saveurs, pour le Signet, ce n’est pas quelque chose que je ferais. 

NB: Parmi les whiskys que nous venons déguster, est-ce qu’il y a en a un qui vient te chercher plus que les autres, un favori peut-être?

BM: Mon favori est le Glenmorangie original. Nous ne l’avons pas dégusté aujourd’hui, mais c’est l’inspiration pour tout ce que nous faisons. C’est la meilleure interprétation de Glenmorangie. Il est tellement versatile, on peut le prendre en toute occasion. Et lorsque l’on y ajoute de l’eau, il devient plus doux, plus sucré. Il est parfait sur glace, délicieux en cocktail, c’est une finale en baril de Bourbon, ce que je préfère dans un scotch. C’est vraiment mon favori. 

Partir sur une bonne note: La collaboration avec Steinway

Glenmorangie-Pride-1974---Steinway

Photo: Glenmorangie

NB: Également, je sais qu’il y a quelque chose avec Steinway (les pianos)?

BM: Oui! Pour le Pride 1974. Comme c’est quelque chose de spécial, d’unique, nous avons fait une collaboration avec Steinway, il faut dire que nous sommes en affaires depuis presque le même nombre d’années. Nous avons un parrallèle au niveau du bois. Nous utilisons les meilleurs barils pour faire notre scotch et eux utilisent les meilleurs bois afin de fabriquer leurs pianos. Alors, nous avons établi un lien afin de trouver de l’inspiration pour lancer le Glenmorangie Pride 1974. Nous sommes allés à l’usine de fabrication de Hambourg en Allemagne afin de déguster le Pride. Également, le pianiste Aaron Diehl a fait une magnifique composition (vous pouvez l’écouter en suivant ce lien) qu’il a jouée sur un Steinway lors du lancement mondial à New York. C’est un mariage parfait entre le Pride 1974 et cette pièce. Nous étions d’ailleurs à Toronto il y a deux jours, et la même pièce a été jouée par un autre pianiste sur un Steinway, j’en ai eu des frissons. C’était magnifique vraiment. 

NB: Donc, parmi les trois que nous avons dégustés, que recommanderiez-vous à une personne qui débute dans le milieu du whisky?

BM: Ouf, quelle difficile question! La plupart de ces produits sont faits en petits lots alors ils vont partir très rapidement. Et aussi pour le prix, ce n’est peut-être pas quelque chose que je recommanderais comme premier achat. Par contre, si l’occasion de les déguster se présente, je leur dirais de sauter dessus, car ce sont des produits incroyables. Mais si je dois en choisir un, je dirais le Signet, car il est offert en tout temps malgré sa production en petit lot. Et c’est possible de le goûter et le regoûter encore et encore. 

NB: Est-ce un produit que l’on peut faire encore vieillir ou c’est quelque chose que vous nous conseillez de boire maintenant?

BM: En fait, lorsqu’un whisky sort du baril, il ne vieillit plus. Alors, il va goûter presque la même chose. Il y aura de petits changements, mais ça sera minime dans le goût. Moi personnellement, si j’achète un whisky, c’est pour le boire immédiatement, je ne veux pas attendre pour me délecter de ce magnifique liquide. 

NB: Alors, quelle sera votre prochaine création?

BM : Nous avons quelque chose qui s’en vient bientôt. En fait, je travaille sur 50-60 projets à la fois, c’est énorme. Je peux dire que nous lancerons bientôt le Astar 2017, qui est vieilli en fûts de chêne américains. Nous avons également lancé le 19 ans d’âge, qui est uniquement offert dans les aéroports. Et nous lancerons notre prochain produit de la gamme Private Edition en janvier-février 2018. 

NB : Un gros merci Brendan, ce fut un énorme plaisir et à bientôt!

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