Revoir Paris au MBAM à travers plus de 500 oeuvres
C’est une exposition gigantesque que présente le Musée des Beaux-Arts de Montréal depuis le 4 juillet dernier avec « Paris au temps du postimpressionnisme — Signac et les Indépendants ». Ce sont plus de 500 œuvres d’une collection privée d’exception qui composent cette première canadienne. Vous pourrez l’observer dans le Pavillon Jean-Noël Desmarais jusqu’au 15 novembre 2020. Une façon de Revoir Paris au MBAM en attendant de voyager.
Revoir Paris au MBAM avec Signac et les Indépendants
Les restrictions de voyages étant nombreuses en cette période, je me suis rendu Revoir Paris au MBAM, soit dans ma propre ville. Vous retrouvez la France en pleine ébullition artistique au tournant du XXe siècle, on découvre la plus grande sélection d’œuvres de Paul Signac, vous y verrez un ensemble grandiose de peintures et d’œuvres graphiques de Signac et des avant-gardes. Dans celles-ci on y retrouve une pléiade de grands peintres au courants divers tel que des impressionnistes (Degas, Monet, Morisot, Pissarro) aux fauves (Dufy, Friesz, Marquet, Vlaminck), en passant par les symbolistes (Gauguin, Redon), les nabis (Bonnard, Denis, Lacombe, Sérusier, Ranson, Vallotton), les témoins de la vie parisienne (Anquetin, Ibels, Steinlen, Toulouse-Lautrec), cubistes (Picasso, Braque), expressionnistes (Feininger, Heckel) et surtout les néoimpressionnistes (Angrand, Cross, Hayet, Lemmen, Luce, Seurat, Van Rysselberghe).
Au cœur de cette rétrospective, vous serez amenés à voir d’un autre œil les enjeux sociaux et picturaux de l’époque et les raisons qui, à la fin du 19e siècle, ont poussé un groupe d’artistes mené par Signac à créer le Salon des Indépendants, défendant l’idée d’une exposition où il n’y aurait « ni jury ni récompense ».
On remarque dans « Paris au temps du postimpressionnisme » l’explosion des couleurs, la lumière qui se libère, comme si dans la noirceur du climat politique approchant la Première Guerre, les peintres ont voulu faire ressortir le beau. Inspiré par les théories chromatiques de Charles Henry, d’Ogden Rood et de Michel-Eugène Chevreul, Signac divise la couleur en taches pures et serrées sur la toile pour que la forme surgisse du mélange optique. Avec cette technique « divisionniste », il ambitionne un art total, entre paradis perdu de l’âge d’or et utopie sociale. Il défend une peinture positiviste qui promeut une modernité technique et politique. Ses compagnons répandent la théorie divisionniste comme une traînée de poudre de Paris à Bruxelles : les « néos » exaltent les lendemains qui chantent.
Comme le dit le collectionneur anonyme, « À la suite du succès de l’exposition Toulouse-Lautrec affiche la Belle Époque (16 juin — 30 octobre 2016), dont j’étais totalement partie prenante, nous avons décidé de présenter le plus grand ensemble jamais exposé de ma collection. » À cet effet, vous retrouverez plusieurs pièces rendant hommage à cette exposition qui orna les murs du Musée des Beaux-Arts de Montréal il y a déjà 4 ans. Pour moi, c’est ma jeunesse qui est ramenée dans cette partie précise avec l’affiche Ambassadeurs (Aristide Bruant dans son cabaret) de Henri Toulouse-Lautrec justement. Un des amis de la famille l’avait dans son domicile, et cette peinture m’a toujours fasciné. Comme quoi l’art influence notre mémoire jusqu’à des années plus tard.
Le début de la présence des femmes dans l’art
Le début de la présence des femmes dans l’art se fait notamment sentir dans cette exposition, avec entre autres, Berthe Morissot, une des rares qui fut acceptée dans le cercle des impressionnistes. Nonobstant certaines difficultés, c’est grâce à des pionnières comme Morissot que ces dernières ont pu prendre leur place malgré des commentaires misogynes de certains des plus grands.
Admirer un corridor un peu plus sombre réservé à Picasso fait également parti des trésors de cette redécouverte de Paris, on peut presque le manquer tant c’est un endroit plus exigu et moins mis en valeur, mais les œuvres apparaissent comme le bijou derrière. Que dire de l’évolution de la collection de Vallotton du noir et blanc à la couleur, c’est d’une beauté. Ou bien encore, à l’œuvre « Les Courses à Longchamp » de Pierre Bonnard, qui penser tout de suite à l’emblématique entreprise de maroquinerie française dont le nom est issu de l’hippodrome ParisLongchamp, ou dans mon cas précis, à un sac appartenant à ma mère.
Ceci ne sont que de courts exemples et tenter de vous décrire une pareille exposition en mots est presque vain tellement elle reste immense, et l’audio guide qui l’accompagne, offert sur l’application numérique du Musée apparaît un complément d’information exquis. Je pourrais également vous parler de la musique comme celle de Debussy, qui m’a tout d’un coup transporté dans le film Ocean’s 11, rappelant pour moi tant de souvenirs.
L’envie de voyager à nouveau
La simple vue de certains des tableaux m’a donné l’envie de voyager, encore plus en ces moments de pandémie, de découvrir le monde, de partir à l’aventure, de me poser, de prendre le temps d’explorer, de connaître des endroits et des gens. Ce sont deux heures de mon temps que j’ai rapidement consacré à cette exposition afin de vous en parler, mais j’aurais pu facilement en prendre quatre ou cinq, question de tout examiner de façon précise et méticuleuse. Je m’y promets d’y retourner d’ici la mi-novembre alors que plusieurs attractions demeureront certainement toujours au ralenti, une belle façon de Revoir Paris au MBAM. Et quand vous serez prêts à revoir la ville lumière, les suggestions de notre collaborateur Grégory Faye vous attendent.
Musée des Beaux-Arts de Montréal
1380, rue Sherbrooke Ouest
Montréal, QC
Canada
H3G 1J5
Réservez votre place sur le site internet.
Publié originalement dans le magazine Gentologie No.5 et adapté pour le web.
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* Image de couverture ajustée pour les besoins d’édition.