Le Bar du Gentleman : Nouveau Départ avec les accessoires
Un essentiel à la maison pour les gentlemen, est d’avoir un bar chez soi. C’est bien intéressant, mais par où faut-il commencer ? Alors que les spiritueux sont un choix personnel, les accessoires, eux, peuvent certainement profiter de conseils d’experts afin de prendre les bonnes décisions. Dans le but de vous éclairer, le propriétaire de la boutique Alambika, Jean-Sébastien Michel, a répondu à nos questions sur ce que devrait être le bar du gentleman.
Les accessoires essentiels pour le Bar du Gentleman
Lorsque l’on commence à assembler notre bar à la maison, quels sont les essentiels à posséder ?
La base se compose évidemment d’un coquetelier (trois pièces de qualité ou deux pièces avec une passoire de type Hawthorne), de moules à glace en silicone, d’un presse-agrumes, d’une cuillère de bar, d’une mesure graduée à coup de quart d’once (7,5 ml), demi-once (15 ml) et 1 once (30 ml) ainsi qu’un verre à mélanger. Voilà les essentiels pour tous les cocktails classiques avec une dilution modérée.
Lorsque l’on veut le meilleur, que doit-on ajouter ?
Tous ces accessoires se font en version plus qualitative ; il est possible d’investir de 15 $ à 100 $ sur un coquetelier. Par exemple, chez Alambika, nous avons des verres à mélanger faits en pyrex au Québec qui résistent aux chocs thermiques et d’autres, plus populaires auprès des professionnels, soufflés d’une seule pièce et même en version noire ou à la feuille d’or. Des maillets d’ébénistes, des sacs à casser la glace et des pics décoratifs sont de bons ajouts.
Du côté ingrédients, assurez-vous d’avoir de bons amers: aromatique (par exemple Ms. Betters Aromatique ou Angostura) et à l’orange (mon préféré est le Bittercube Orange).
Un excellent amer passe-partout, et dans mes préférés de tous les temps, en plus d’être local : Saecularis de Sombre et Amer. Une vraie perle pour tout cocktail à base de gin.
Évaluer ses besoins
Comment calculer ses besoins ? Nous suggères-tu d’acheter en une fois ou en plusieurs fois en fonction de l’évaluation de notre consommation ?
Pour les accessoires, acheter la base d’un coup permet de débloquer la majorité des options. Le moins urgent est selon moi un pilon, sauf si vous êtes un grand consommateur de mojitos. Ensuite, en découvrant ses cocktails favoris, on ajoute graduellement des pièces (coupe à Julep, tasse à Moscow Mule, coqueteliers variés, becs verseurs, etc.), ça fait partie du bonheur. Mais j’ai tendance à penser que le vrai plaisir est d’élargir sa collection de spiritueux, amers, cerises, sirops, etc.
Les verres à vin et à cocktail, un autre essentiel du bar du gentleman
Pour les verres, qu’est-ce que la différence de prix implique dans le fait de déguster un vin ou un cocktail ? Est-ce que le fait que le verre soit en verre ou en cristal change quelque chose ?
Ce sont de bonnes questions. Habituellement, le coût du verre est lié à la qualité du matériau, plus il est cher, moins il aura de défauts, sera clair et brillant, etc. Pour le vin, la forme joue beaucoup dans la perception des arômes. Aussi, avec le prix, il viendra habituellement une finesse de la paraison et de la tige.
Les verres à cocktail suivent une logique différente. Comme on consomme les cocktails glacés, de façon générale, la perception des arômes influe moins sur le choix. Également, on les remplit beaucoup plus que les verres à vin. Dans ce contexte, un prix plus élevé rimera avec des décorations supplémentaires, formes exotiques, dorures, etc. Ils font partie de la seule catégorie où une esthétique chargée est encore de rigueur. Il y en a des plus épurés, mais le cristal taillé est toujours actuel.
Essentiellement, les verres à vin du début du 20e siècle, petits et décorés, font de très bons verres à cocktail aujourd’hui, alors que les bons verres à vin sont beaucoup plus grands, neutres et minces.
Pour les verres à vin, je crois que tu es un amateur de verres « soufflés bouche », donc faits à la main, qu’est-ce que ça change ? Et doit-on avoir plusieurs verres à vin ou y aller selon ce que l’on boit ?
Les verres soufflés bouche, c’est un peu comme les couteaux japonais, c’est difficile de revenir aux versions machinées et pesantes une fois qu’on y a pris goût ! Bien entendu, de bons verres machinés, au quotidien, vous procureront un certain plaisir. Par contre, une paire de Lehmann Psychée ou Lallement #4 vont venir agrémenter vos soirées en tête-à-tête. C’est d’autant plus vrai avec les vins mousseux et le champagne. Le côté aérien de ces vins effervescents se marie tellement bien avec la délicatesse et la finesse des verres soufflés bouche.
Toujours dans le monde des verres à vin, comment savoir si l’on boit le bon vin dans le bon verre ? Quels en sont les avantages ?
Les choses à regarder : est-ce que le buvant (l’ouverture par laquelle on boit) se referme. À noter qu’une coupe droite laisse échapper beaucoup d’arômes. Le rebord du verre a-t-il un bourrelet ou est-il fin ? Une sorte de spaghetti de verre autour du bord signifie qu’il a été taillé à chaud et est de plus basse qualité.
Le verre est-il relativement mince ? Pas besoin d’être une feuille de papier, mais, d’avoir le moins de matière entre soi et le vin, c’est un peu le but du jeu. Parlant de jeu, essayez ceci. Prenez trois ou quatre verres à vin de taille et de qualité différentes et servez-y le même vin. Ensuite, sentez et goûtez. C’est une expérience fascinante. Certains verres éteignent complètement le vin.
Généralement, un verre trop petit (en bas de 300-350 ml) ou trop gros fait cet effet et l’angle de la paraison (paroi) crée cette situation. J’ai souvent dit que la manière la plus intelligente et économique d’améliorer son cellier, c’est simplement d’avoir des verres décents.
De plus découvrez les suggestions de verres pour différents types de vins par Claude Boileau
Les interdits dans le bar du gentleman
Qu’est-ce qu’il ne faut surtout pas avoir dans son bar ?
Des verres à eau pour boire du vin. Selon moi, cette tendance, c’est non. C’est uniquement accepté en des circonstances exceptionnelles comme le jour où vos verres préférés sont dans des boîtes ou lorsque vous êtes dans le vignoble avec le producteur. Le reste du temps, c’est comme écouter de la musique dans des écouteurs qui émettent un bruit de friture (dans ce cas, lisez l’article de Jean-Daniel Perron sur les Focal). De la vieille glace, assurez-vous qu’elle soit récente. Un martini fait à la vieille glace, on est à un extrême de celui de James Bond. Parlant de Martini, assurez-vous de garder les vins fortifiés (vermouth, xérès, etc.) au réfrigérateur et vos bouteilles d’alcool en général bien à l’abri de la chaleur et de la lumière directe.
Par rapport à la glace justement, qu’est-ce que ça change dans la fabrication d’un cocktail de la mauvaise glace ?
Il y a plusieurs facteurs. De la vieille glace donnera un goût peu agréable. Aussi de la glace trop petite ou friable va beaucoup diluer votre cocktail.
Est-ce qu’il y a un accessoire qui est inutile, mais auquel on ne peut résister parce que c’est trop beau ou que ça fait une magnifique déco par exemple ?
Ce n’est pas inutile, mais… une fontaine à absinthe c’est magnifique ! Une fée dorée sur un manteau de cheminée, ça démarre bien des conversations !
Quelle est la différence entre acheter sur Amazon ou chez Alambika par exemple ?
Nous avons des conseillers en cocktails d’expérience. Vous trouvez des produits locaux que vous pouvez déguster (en temps normal) avant d’acheter, ce qui est plus rare chez le géant américain. Nous possédons également des accessoires exclusifs créés par des artisans d’ici.
Que doit-on surveiller lorsque l’on fait ses achats en ligne ?
Je vous dirais les « kits » préassemblés par des non-spécialistes. Les ensembles vont comprendre, parfois, une passoire trop grande, des accessoires inutiles, etc. C’est la même chose pour les couteaux, vous pensez faire un bon achat avec un bloc à 9 couteaux et finalement, vous utilisez toujours les deux mêmes. Avoir investi le prix du bloc sur deux instruments bien choisis aurait été sans doute bien plus judicieux.
Tendances et suggestions
Que devrait-on avoir dans son bar pour les années à venir en tant que gentleman ?
Des produits et des objets faits localement, comme dans tous les domaines, mais aussi de la verrerie de plus en plus qualitative. Lors de mes débuts, tout ce que l’on pouvait acheter comme verres à cocktail de spécialité c’était des verres à Martinis et Hurricanes. Ces derniers étaient également bien souvent trop volumineux. Les gammes d’amers supérieures ou extrêmement délicates et travaillées sont des aromates qui aident à renouveler des classiques.
As-tu une suggestion de produits à offrir à un gentleman ?
Chez Alambika, nous venons de lancer une collection d’articles de bar de couleur noire. C’est vraiment élégant. Également, un bon choix est un verre Tiki en édition limitée. C’est un peu pour les passionnés, mais des producteurs comme Tiki Farm, avec qui nous collaborons, en font des petites séries avec des artistes et ne les produisent qu’une seule fois. Un bon couteau de bar (par exemple un couteau d’office japonais) ça impressionne également et ça a sa place dans le bar du gentleman.