Scotch whisky : L’alchimie du raffinement
Selon la définition du dictionnaire, l’alchimie peut se définir comme l’art de purifier l’impur en imitant et en accélérant les opérations de la nature afin de parfaire la matière ou, pour simplifier, d’élever ce qui est imparfait au rang de la perfection. Découvrez ce processus pour le scotch whisky.
Bien que l’alchimie reste une pseudoscience relevant davantage du fantasme de la transmutation du plomb en or, cette analogie me semble parfaite pour aborder le processus qui transforme des ingrédients simples tels que l’eau, l’orge maltée et le bois en des scotch whiskys au goût si exceptionnel que les plus grands amateurs sont prêts à débourser des sommes faramineuses pour y tremper leurs lèvres.
À l’instar de la science, il faut comprendre que le vieillissement du scotch whisky est le fruit d’une longue histoire façonnée par des traditions, des incidents fortuits et, plus récemment, par une quête constante de perfection.
À l’origine, le whisky était plutôt un alcool brut consommé immédiatement après sa production. C’est lors du transport de cet alcool dans des fûts de bois que des distillateurs ont découvert, par hasard, que ce spiritueux gagnait en complexité lorsque celui-ci était vieilli. En effet, il est vite apparu que plus le liquide macérait dans les fûts, plus sa couleur devenait ambrée et que son goût s’adoucissait afin de procurer de nouvelles nuances aromatiques.
Les débuts du vieillissement du scotch whisky
Cet état des choses a marqué le début du vieillissement intentionnel du scotch. Les Écossais de l’époque ont progressivement compris que le bois, tout comme l’orge et l’eau, était un ingrédient essentiel pour produire un alcool de qualité supérieure. Aujourd’hui, les maîtres distillateurs saisissent en détail les différents types de bois influant sur le goût des scotch whiskys qu’ils élaborent.
Par exemple, un fût de chêne américain apporte des notes de vanille, de caramel et de noix de coco, tandis qu’un fût de chêne européen offre des notes plus épicées avec des teintes de fruits secs et de noix. Les expérimentations actuelles incluent notamment l’utilisation de fûts de xérès, de Porto, de rhum, de bière et même de vin de glace dans le but d’élargir la palette aromatique des whiskys modernes. La seule constante demeure l’utilisation du chêne, un bois très poreux, qui favorise une excellente interaction entre le distillat et les huiles naturelles présentes dans le bois.
Outre les fûts, le climat joue un rôle essentiel dans le processus. À titre indicatif, si le spiritueux est produit au sein d’un climat chaud et humide, on constate que le taux d’évaporation de l’eau est plus élevé que celui de l’alcool et cela peut augmenter la teneur en alcool du whisky. En revanche, si le climat est plus frais et sec, c’est l’alcool qui s’évapore plus rapidement et fait en sorte de réduire la force du scotch whisky.
D’autres facteurs affectent également le processus de vieillissement, soit l’oxydation (qui adoucit les arômes et saveurs), les tannins (qui créent de l’astringence), les lignines (qui donnent un aspect vanillé) et les hémicelluloses (qui apportent des notes douces et caramélisées).
Par conséquent, le vieillissement est bien plus qu’un simple passage du temps. C’est un processus complexe et délicat qui façonne, affine et enrichit chaque goutte de whisky. Chaque moment ajoute une nouvelle couche de complexité permettant de transformer le distillat clair en une boisson qui est une véritable célébration du temps, de la tradition et du savoir-faire.
L’importance de l’âge… ou pas
Toutefois, il est important de noter que l’âge d’un scotch whisky n’est pas toujours garant de qualité en matière de scotch whisky. Ainsi, il est essentiel de se fier à son propre goût et de s’adonner à l’expérimentation pour découvrir ce qui vous convient le mieux.
En conclusion, certaines distilleries proposent des expressions particulièrement prisées par les connaisseurs. Citons notamment Glenfiddich avec le Glenfiddich 21 ans, le Reserva Rum Cask Finish et le Winter Storm Icewine Finish, Ardbeg avec l’Ardbeg Uigeadail et l’Ardbeg Corryvreckan pour ceux aimant l’aspect tourbé, Highland Park avec le Highland Park 18 et 25 ans pour les amateurs de fumée, Macallan avec les Macallan 18 Sherry Oak et Rare Cask ainsi que Dalmore avec le Dalmore King Alexander III et la série Dalmore Constellation pour les passionnés en quête de complexité et de prestige.
Article originalement publié dans le Magazine Gentologie No. 13. Abonnez-vous maintenant !