Rémy Martin: Le Pionnier du cognac
Lorsque l’on parle de cognac, on pense à un alcool fin que l’on déguste en cocktail ou au verre dans sa version la plus pure tout en l’accompagnant, entre autres, d’un cigare lors d’une soirée entre amis. Ayant eu la chance de déguster le Louis XIII il y a quelques années, j’ai voulu en savoir plus sur ce monde et c’est en discutant avec Tyler Fairfield, ambassadeur de marques chez Rémy Martin, que j’en ai appris un peu plus sur le cognac et leurs différents produits, dont celui que je vous mentionnais ci-dessus, qui est pour plusieurs, la quintessence des cognacs et un produit qui traverse le temps.
La naissance de Rémy Martin
Débutons par ce qui se retrouve dans la bouteille. Sachez que ce majestueux liquide est un type de brandy fabriqué exclusivement dans la région de Cognac, en France, zone dotée d’une appellation d’origine contrôlée (AOC). La base de ce nectar, chez Rémy Martin, est principalement constituée d’un raisin réputé pour sa supériorité aromatique, soit l’ugni blanc ou si vous préférez, le trebbiano, viennent par la suite la folle blanche et le colombard comme autres variétés utilisées.
Ce mélange de vignes est ensuite pressé et le moût est mis à fermenter. On obtiendra un vin faible en alcool, acide et trouble, peu agréable à consommer. C’est donc la double distillation en alambic de cuivre et un vieillissement en fût de chêne, pendant un minimum de deux ans, qui le transformeront en cognac, dont le savoir-faire quant à l’élaboration est inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2020.
Pour ce qui est de Rémy Martin, c’est en 1724 que le tout débute réellement. Le jeune vigneron d’à peine 29 ans fonda le domaine sur les terres de la Charente. C’est dans ce petit terroir français qu’a vu le jour leur cognac emblématique, le cognac Fine Champagne, né d’un assemblage des produits de deux régions de production, soit la Grande et la Petite Champagne. À noter qu’un cognac doit être composé d’au moins 50 % de Grande Champagne afin de pouvoir porter l’appellation citée ci-dessus. M. Fairfield m’expliquait que le choix de ce territoire est en raison de la combinaison parfaite entre le climat et le terrain. Effectivement, ce dernier étant très poreux avec énormément de craie, il permet à la vigne d’offrir un résultat sublime.
De plus, une seule bouteille de cognac peut renfermer plusieurs centaines d’eaux-de-vie, ces dernières provenant de divers vignerons, distillées à plusieurs années d’intervalle et vieillies dans différents fûts pendant des durées variables. Autre particularité que j’ai apprise lors d’une soirée dégustation du célèbre Louis XIII, c’est que le Maître de Chai ne goûtera jamais au produit final qu’il va créer, puisque plus d’une centaine d’années s’écouleront entre la création du produit et la mise en bouteille de ce nectar d’exception.
Le vent tourne en 1738
Toutefois, c’est en 1738 que le vent tourne pour la jeune compagnie alors que le roi Louis XV octroie à Rémy Martin le privilège rare de planter de nouvelles vignes en reconnaissance de l’excellence de ses cognacs. Ainsi, c’est en 1830 que le premier cognac de Grande Champagne Rémy Martin voit le jour. L’évolution de la marque française se poursuit avec l’arrivée de Paul-Émile Rémy Martin, qui dans ses efforts de commercialisation de la Maison à l’étranger, choisit le Centaure comme emblème. Passionné d’astronomie, il s’inspira de son signe du zodiaque, le Sagittaire, pour créer le premier logo de l’entreprise en 1870.
Le premier Maître de Chai, André Renaud, fit son arrivée chez Rémy Martin en 1910. Nouvel associé de la compagnie, celui-ci conçut le premier VSOP (Very Superior Old Pale) en 1927, en assemblant des crus de Petite Champagne et de Grande Champagne et propulsa Rémy Martin vers les plus hauts sommets. Par la suite, quelques années plus tard, c’est le gendre d’André Renaud, André Hériard Dubreuil, qui prend les rênes de l’entreprise et crée un partenariat visionnaire avec les vignerons dans le but de garantir la plus haute qualité, c’est aujourd’hui l’Alliance Fine Champagne. Ce dernier place également sa famille au centre de l’entreprise, qui, jusqu’à ce jour, en a toujours le contrôle. Les femmes ont aussi leur place dans l’histoire de Rémy Martin, alors que Dominique Hériard Dubreuil, fille d’André (NDLR le gendre), rejoint l’entreprise en 1988 pour ensuite diriger celle-ci de 1998 à 2013. C’est au cours de cette année que son frère François la remplace au sein du consortium Rémy Cointreau, formé par cette dernière.
La Gamme Rémy Martin
VSOP
Le VSOP, dont nous parlions plus haut, est issu d’une sélection d’une douzaine d’eaux-de-vie triées sur le volet. M. Fairfield précise que ce sont les assemblages les plus précieux qui sont choisis pour les cognacs du groupe. Il décrit celui-ci comme un produit raffiné et audacieux mettant de l’avant une harmonie d’arômes puissants et en même temps élégants. Même si celui-ci est l’entrée de gamme chez Rémy Martin, il n’en demeure pas moins que le VSOP est complexe avec des notes de vanille et d’abricot au nez. En bouche, on note davantage la présence des fruits à noyau tels que la cerise, la mangue et, encore une fois, l’abricot qui offrent un corps lisse ne brûlant pas lors de la dégustation. On le reconnaît à sa bouteille verte, presque noire, emblématique ornée d’une étiquette rouge.
1738 Accord Royal
Le Rémy Martin 1738 Accord Royal, pour sa part, est un cognac de soif plutôt qu’un produit de dégustation destiné à vos soirées entre amis, me disait M. Fairfield. Il s’agit vraiment d’un alcool doux et agréable procurant du plaisir à vos invités lors de rencontres amicales. « Il se situe dans un palais pour les amateurs de bourbons et de whiskys américains », de dire M. Fairfield. Il ajoute que nous sommes plus dans un caramel au beurre et des fruits très mûrs au nez. Le liquide est vieilli dans un baril qui a été grillé, mais très lentement, dans le but de développer le goût du caramel et des épices mentionnées précédemment. « En bouche, ce sont les mêmes arômes qui font ouvrir les saveurs. C’est vraiment un assemblage développé par les Maîtres de Chai selon leurs préférences et non en raison d’un certain âge », de conclure M. Fairfield.
X.O.
Créé en 1981, le X. O., que M. Fairfield décrit comme opulent et généreux, est un cognac composé de plus de 400 eaux-de-vie. Chacune de celles-ci est choisie au nez, c’est un art et un métier qui demande d’être incroyablement dédié à son travail. On retrouve dans ce liquide, toujours selon l’ambassadeur, une âme riche qui invite à la célébration. Se situant dans la fine fleur des cognacs sur la planète, on retrouve dans ce liquide une présence en bouche s’étirant pendant des heures. « Au nez, ce sont des fleurs blanches, que l’on retrouve également en bouche, et des fruits très mûrs qui composent les arômes. À cela s’ajoute des notes de cannelle, de noisettes, de cacao, de miel et même le petit pincement agréable du gingembre qui vient bien complimenter soit un dessert au chocolat ou un cigare », ajoute le professionnel de Rémy Martin qui confirme que c’est la barrique grillée qui donne ses effluves au produit et non la récolte tardive, comme le vin, par exemple.
LOUIS XIII
Le Louis XIII. La quintessence. L’élixir par excellence du monde du cognac. Produit pour la première fois en 1874, pour le 150e anniversaire de Rémy Martin, ce dernier est assurément de niveau supérieur. Peut-être que comme moi, vous avez connu ce cognac dans le film Cocktail, avec Tom Cruise, où ce dernier était le prix d’une compétition personnelle entre deux barmans. Le produit en lui-même est exceptionnel et j’ai eu la chance de l’avoir dégusté, comme je mentionnais en introduction, il y a quelques années lors d’une soirée privée à la SAQ. « C’est le temps qui est l’âme du Louis XIII, c’est de l’histoire et un investissement personnel des Maîtres de Chai qui ne goûteront même pas au produit final qu’ils raffineront », de préciser l’ambassadeur de Rémy Martin.
La bouteille, en cristal Baccarat, ainsi que d’autres fabricants triés sur le volet depuis les dernières années, est une réplique d’une fiole retrouvée lors de fouilles archéologiques sur le lieu de la bataille de Jarnac en 1569 et est fabriquée par pas moins de 11 artisans. Donc, ce cognac est distillé deux fois sur lie, ce qui amène une présence plus profonde, et par le même fait, se solde en des lots beaucoup plus petits, mais de qualité exceptionnelle. Son contenu est fait exclusivement de raisins ugni blanc haut de gamme. M. Fairfield décrit le Louis XIII comme de l’art en mouvement. Pour avoir ce vieillissement parfait, c’est dans des tierçons, des fûts traditionnels fabriqués en bois de chêne de nature rare, provenant des forêts limousines du sud-ouest de la France, dont la silhouette permet que les craques et les différents morceaux se touchent, permettant ainsi un échange d’air constant et de développer des saveurs incroyables, que le précieux nectar obtient sa douceur et sa finesse que l’on connaît.
L’avenir chez Rémy Martin
On constate que la demande mondiale en cognac augmente sans cesse, comme en fait part l’augmentation de 3,5 % en volume en 2018 selon le Bureau national interprofessionnel du Cognac. Par ce fait, les producteurs cherchent différentes solutions afin de pouvoir suffire à la demande au cours des prochaines décennies. Si l’on pense à la consommation exponentielle en Asie, il faudra faire des ajustements de sorte à adapter certaines notions et contrôles visant la protection du produit. De plus, il ne faut pas oublier les changements climatiques, qui font des ravages dans le monde des spiritueux. À ce sujet, M. Fairfield m’indiquait que chez Rémy Martin, il y a une forte conscience sociétale sur cet enjeu. En effet, l’entreprise a produit et enregistré un seul exemplaire d’une chanson avec l’artiste Pharell sur un disque de format 33 tours en argile et mis ce dernier dans une voûte pour une durée de 100 ans. Cette dernière étant située au niveau de la mer, si elle se remplit, l’enregistrement va disparaître et sera signe que nous avons également échoué dans la lutte aux changements climatiques. Il est intéressant de voir, par ce projet, que la compagnie s’intéresse aux différents aspects influençant directement son industrie.
En couverture
LOUIS XIII s’est associé à la Monnaie de Paris et à la Cristallerie Saint-Louis pour créer une seconde édition limitée de 2 000 carafes numérotées : « TRIBUTE TO CITY OF LIGHTS – 1900 ». Ce sont 50 millions de personnes et 83 000 exposants sont venus en 1900, à Paris, pour l’Exposition Universelle présentant les prouesses artistiques, architecturales, techniques, technologiques et industrielles du siècle à venir. Un peu plus d’un siècle plus tard, LOUIS XIII rend hommage à cet événement historique avec l’édition limitée TIME COLLECTION « TRIBUTE TO CITY OF LIGHTS – 1900 », une collaboration entre 3 grandes maisons françaises historiques.
En savoir plus sur Rémy Martin
Article originalement publié dans le magazine Gentologie No. 7