300 ans de Rémy Martin : Tourné vers l’avenir
C’est lors de son passage à Toronto pour l’événement célébrant les 300 ans de Rémy Martin, que j’ai eu la chance de m’entretenir avec M. Florian Hériard Dubreuil, ancien Ambassadeur de la Maison Rémy Martin, devenu aujourd’hui gestionnaire de commerce du territoire d‘Amérique Latine et Caraïbes chez Rémy Cointreau, groupe dont fait partie la célèbre Maison de cognac (et aussi Bruichladdich, Octomore, The Botanist, , Louis XII et plusieurs autres). Celui-ci fait également partie de la quatrième génération de la famille Rémy Martin, plus précisément du côté d’André Renaud, qui, en 1910, s’est associé avec Paul-Émile Rémy Martin II en plus d’assurer la présidence du groupe 14 ans plus tard.
Rémy Martin en 2024
Alors que les dernières années et la récente inflation ont eu des impacts significatifs sur la plupart des industries, j’ai voulu savoir d’emblée l’état de la situation chez Rémy Martin en 2024. « Après 3 années de croissance exceptionnellement forte, 2024-25 s’annonce comme une année de transition/consolidation. La compagnie se porte bien, nous fêtons nos 300 ans. C’est une grande année que nous attendions tous avec impatience. Ça fait au moins 50 ans que l’entreprise en parle. Il s’agit d’une année importante pour nous et du coup nous sommes très excités, nous sortons d’années records, et c’est réellement excitant pour le groupe », précise le descendant du géant du cognac.
Les différentes célébrations des 300 ans de Rémy Martin
À cet effet, M. Hériard Dubreuil me signale que plusieurs choses sont déjà en action pour célébrer cet anniversaire. Il y a eu notamment la réouverture du siège social au grand public, à Cognac, au mois de Mai. Celui-ci servira surtout à accueillir les clients majeurs et à l’organisation de plusieurs événements corporatifs, mais une bonne partie est aussi ouverte au public. « C’est un endroit important, c’est le siège historique de Rémy Martin. Nous avons déplacé, il y a cinq ans, les bureaux à l’extérieur de la ville, puis nous avons effectué plus de trois ans de rénovation et nous sommes heureux de pouvoir maintenant montrer toute notre histoire, ce que nous faisons aujourd’hui et les nouveautés. Je n’ai pas encore eu la chance de voir le produit fini, car je suis basé en Amérique du Nord depuis trois ans. J’ai bien hâte de m’y rendre en juin », ajoute celui qui réside à Miami, soit la ville où se situe le siège social de Rémy Cointreau Amérique Latine et Caraïbes et Travel Retail.
À quoi le passionné de cognac peut-il s’attendre des produits associés au 300e anniversaire ? « Sur les marchés, nous avons lancé une Coupe Rémy Martin 300 ans et le Canada aura près de 60 bouteilles sur les 6724 qui ont été produites pour cette édition limitée. Pour concevoir ce nectar, nous avons repris les grands assemblages, ce que nous appelons la Réserve Perpétuelle, un processus créatif spécial où chaque maître de chai met de côté des eaux-de-vie héritées de ses prédécesseurs afin de transmettre les meilleures d’entre elles à la génération suivante. Nous avions utilisé une partie de cette Réserve pour nos 290 ans, qui elle même avait utilisé celle des 275 ans et enfin cette dernière utilisée comme base celle des 250 ans et le maître de chai actuel, M. Baptiste Loiseau, a puisé une certaine quantité dans cette dernière à laquelle il a combiné de nouvelles eaux-de-vie dans le but de créer cette édition de collection. Pour cette grande célébration, nous avons également créé un emballage en édition limitée, en mettant de l’avant la javeline du centaure et l’ajout de stries, sur notre gamme classique, soit VSOP, 1738, et XO. Si nous parlons des événements, nous avons eu des activations aux États-Unis en janvier, en Chine en février, au Canada en avril, au Mexique en juin et plusieurs autres villes sont dans notre mire jusqu’à la fin de l’année. Ce sont de belles occasions pour regarder les années qui passent, mais de regarder également vers le futur pour pleins de beaux projets », détaille le gestionnaire.
En raison de ce regard vers le futur, j’ai cherché à savoir ce qui a motivé la compagnie à entreprendre ces changements au sein du groupe. « Nous sommes en quête perpétuelle d’excellence. Nous essayons toujours de faire de notre mieux. Ça nécessite continuellement de se remettre en question. Nous ne pouvons pas dire que nous avons fait 300 bonnes années et que ça va bien se passer par la suite. Nous devons nous renouveler parce que les marchés et les clients évoluent. Nous travaillons avec la nature. Chaque année, les saisons sont différentes, le climat est changeant, donc c’est important de s’adapter. Après, nous essayons effectivement, grâce à nos assemblages, de préserver les arômes ainsi que maintenir la consistance de nos produits, le VSOP ou le XO afin qu’ils soient toujours les mêmes années après année. C’est un travail quotidien », raconte M. Hériard Dubreuil.
La Coupe 300 ans
À cet effet, celui-ci a souhaité nous parler davantage de ce que représente la Coupe 300 ans. « Ce cognac est un excellent exemple où l’on marie l’ancien à la nouveauté. Dans le passé, nous avons eu des éditions limitées nommées Carte Blanche de notre maître de chai, Baptiste Loiseau, où il sélectionnait des eaux-de-vie rendant hommage au passé avec un regard nouveau. Nous avons également lancé Tercet, un nouveau produit au sein de la gamme permanente, qui est présent dans certaines provinces canadiennes. C’est un profil très différent des cognacs de la Maison, nous le classons entre le 1738 et le XO, mais en fait, c’est très différent des deux. C’est vraiment la vision et la sensibilité de notre maître de chai. Nous sommes sur des notes de fraîcheur, de litchi et de fruit de la passion, c’est à la fois exotique et élégant. Arborant une bouteille simple et épurée, ce produit est aussi plus haut en alcool à 42 %, tandis que la gamme est habituellement à 40 %. Ce dernier a été lancé il y a un peu plus de quatre ans », indique le gestionnaire.
De plus, l’entreprise a lancé une bouteille générée par une technologie intégrée à l’intelligence artificielle avec comme trame de fond la description mélodique du goût de Rémy Martin 1738 Accord Royal par l’artiste R’n’B Usher. Les 25 bouteilles se sont vendues en quelques secondes en tant que jeton non fongible (NFT en anglais) sur BlockBar. Avec cette réussite, le responsable de l’Amérique Latine et d’importants marchés dans les Caraïbes me confirme que la compagnie est ouverte à explorer ces différentes avenues dans le futur. M. Hériard-Dubreuil ajoute un autre point sur l’innovation de Rémy Martin. Les membres de l’équipe cherchent toujours à s’améliorer en matière d’impacts environnementaux et sociétaux. Petit à petit, ils visent entre autres à réduire la quantité de matières destinée aux emballages. Il n’y a plus de boîte pour le VSOP et la boîte en métal pour le 1738 est en voie de disparition. Cette dernière ne sera utilisée que pour le plus haut de gamme et les éditions limitées. Il ne faut pas oublier également le fait que l’entreprise utilise le moins de verre possible dans le but d’avoir des bouteilles plus légères. Cette réduction de leurs impacts est vraiment un leitmotiv de la Maison et de tout le Groupe Rémy Cointreau.
300 ans de Rémy Martin : Innover sans oublier l’héritage
Alors que la marque célèbre son tricentenaire, cela peut représenter un défi d’innover sans délaisser son héritage commercial et familial. M. Hériard Dubreuil nous raconte qu’il est le quatrième petit-fils d’André Renaud, celui qui s’est associé au descendant de la cinquième génération des Rémy-Martin, Paul-Émile Rémy Martin II. Sa famille a développé la Maison et s’est liée, en 1990, avec une autre famille, les Cointreau, pour former le groupe Rémy Cointreau.
« Ce qui est intéressant, c’est de bien connaître son histoire pour demeurer en ligne avec ce qui a été fait. C’est une quête infinie si je peux dire ainsi. Nous visons l’excellence et cette quête nous permet d’avancer continuellement. Il s’agit d’un idéal qui nous permet d’aller de l’avant en cherchant à faire de notre mieux et d’essayer de nouvelles choses comme celles partagées antérieurement. Le fait de répéter exactement les mêmes produits que par le passé, avec des eaux-de-vie différentes ayant des millésimes distincts, représente une quête infinie, » précise le descendant de la famille Rémy Martin.
« Si nous nous projetons dans 20, 30 ou 50 ans dans la région de Cognac, il risque de faire plus chaud, ça sera donc davantage sec et nous devrons nous adapter en fonction de la taille de la vigne en laissant plus de feuillage pour diminuer l’exposition des raisins au soleil. Nous tentons également des essais avec de nouvelles variétés de cépages afin de voir s’ils ont une maturité plus tardive, mais ce sont des travaux de longue haleine, car nous devons faire un vin, le distiller, le faire vieillir et voir les résultats. Cela représente un travail amorti sur une échelle d’une dizaine d’années au minimum souvent plus. Nous faisons tout cela pour la Maison, mais c’est aussi pour la région, ainsi que l’appellation, que nous partageons nos résultats dans le but de continuer à produire du cognac. Je tiens à ajouter que Rémy Martin, ce n’est pas seulement notre histoire, mais celle de 800 autres familles avec lesquelles nous travaillons. C’est une sorte de coopérative privée où ce sont vraiment nos partenaires. Cette dernière se nomme l’Alliance Fine Champagne et elle existe depuis bientôt soixante ans. Elle représente la Petite et la Grande Champagne, les deux crus les plus prestigieux de Cognac et cette idée encore aujourd’hui très actuelle nous ne sommes gagnants qu’ensemble c’est-à-dire avec les producteurs de Cognac viticulteurs et distillateurs et les négociants de Cognac», complète M. Hériard Dubreuil.
Pour terminer, j’ai demandé à notre invité de nous dévoiler son produit préféré ainsi que celui qu’il conseille aux amateurs. « Si vous avez la chance de pouvoir déguster la Coupe 300 ans, ce que j’ai fait il n’y a pas très longtemps, c’est un délice. C’est un cognac élégant et complexe qui est conçu pour les amateurs de grands spiritueux. Sinon, il y a le XO qui plaira assurément par son assemblage complexe. Celui-ci est riche, il faut prendre le temps de le déguster, c’est plus traditionnel et il représente adéquatement la Maison. Je vous le conseille après un repas, dans une soirée, ou encore, en guise d’apéritif avec un parmesan vieilli, c’est un accord vraiment intéressant. Qu’il soit consommé pur ou sur glaçons, le XO saura ajouter une touche festive au cours de l’été », termine le descendant des fondateurs de Rémy Martin.
Merci Florian et bon 300e anniversaire !
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